Le jeu de lois
Moi, je suis contre la loi. Parce que c'est contraignant. Les interdictions de se parquer par exemple : Ca devrait être interdit ! Vous avez vu comme c'est contraignant ? Bon d'accord, c'est vrai que si on autorisait tout le monde à sa parquer pour une durée illimitée n'importe ou dans la ville, ce serait vite invivable. Par contre on pourrait circuler, puisque toutes les voitures seraient déjà parquées. (HA HA, non, je déconne). Bon, si TOUT LE MONDE était autorisé à se parquer n'importe comment, ce serait le bordel. Mais moi, ça me suffirait, qu'on me donne une autorisation seulement à moi, de me parquer comme bon me semble, ça ne gênerait personne, MAIS NON, même moi, je dois obtempérer, sous peine de devoir déchiffrer la prose d'un gardien de la paix routière, discrètement glissée sur mon pare-brise (Tiens, maintenant que j'y pense, je vais essayer d'enlever mes essuie-glace).
Enfin, ça pour dire, que la loi n'est pas contraignante, du moment qu'on y est pas soumis. Alors, par exemple, l'impôt sur les grandes fortunes, il ne me dérange pas, bien au contraire, il ne me concerne pas. Par contre la loi de la gravitation, ça, oui ! Alors là, s'il y a bien une loi qui m'agace, c'est bien celle-ci. J'habite au quatorzième étage, et de temps en temps, les ascenseurs qui montent et qui descendent ne desservent que le rez-de-chaussée et la cave (et encore, quand ils sont à la cave, ils ne desservent plus que la cave). Et bien, sans la loi de la gravitation, ce serait tellement plus pratique de rentrer chez moi en gravissant horizontalement la façade ! MAIS NON ! Je dois me taper les quatorze étages à pied, étage par étage, même pas question de ne faire que les étages pairs, et en plus dans l'ordre. 169 marches : Je les ai comptées, avec à chaque étape étagère (ça n'existe pas, mais dans ce contexte, c'est exactement le mot qu'il me fallait, alors, monsieur larousse, je t'ai rien demandé. C'est vrai quoi, c'est le seul gars qui a écrit un bouquin, et tout le monde doit écrire avec les mots inclus dans son fichu livre. Vous vous rendez compte si tout le monde imposait ainsi son vocabulaire !), je dois subir, dans l'ordre : Les aboiements du chien de monsieur Zckwuiqsz, au 2ème, qui, si je traduis bien le fond de sa pensée en langage humain, veut dire quelque chose comme "Arrière, fils de satan, encore un pas, et ce que je te fais, je te jure sur la tête de Saint-Bernard, que personne ne l'a encore jamais fais à personne, même dans les plus sombres périodes de l'inquisition ! BAVE BAVE !!". Au quatrième, je ne peux m'empêcher de lire la douce poésie de la concierge, étalée sur sa porte dans une syntaxe approximative : "Les clé de la leçiveuse doit être rémise dans ma boitte au-lettre ABSOLLUMENT avant 5 heures de le jour ou c'est à votre tour d'allé faire la salle de la lésiveuse" (Elle s'appelle Sanchez, et pourtant, elle n'est pas toujours debout, je peux vous dire ! )
Aux 7ème, c'est madame Himatoumi. Elle a Quatre-z-enfants, qui ont chacun ajouté une touche complémentaire de couleur sur la porte d'entrée (mais si, vous voyez ce que je veux dire, le papier A4, quelque peu froissé, pourvu de petites déchirures latérales ça et là, ou c'est écrit au crayon "Bone fête maman", et dont la signature représentée par le prénom du gamin en lettres capitales remplit à peine plus de la moitié inférieure de la page).
Je ne vous parlerai pas du gamin qui vient d'emménager dans son premier studio. J ne peux pas vous en parler : Vous ne m'entendriez pas : Il met sa "Tequenau BOUM Gz BOUM Gz BOUM Gz" tellement fort que ça fait vibrer tout l'étage. J'en profite d'ailleurs pour me placer pied joint devant la prochaine volée d'escalier, et je monte comme ça un étage tout seul et sans effort, saut par saut, BOUM Gz par BOUM Gz.
Enfin bref, au bout de chemin de croix, j'arrive chez moi, et enfin, ENFIN, je peux respecter la seule réglementation que j'aime : "La loi du moindre effort".