Les cadeaux de Noël

D'une manière générale, les fêtes sont une manière simple et conviviale de retrouver ceux qui nous sont chers. Mais l'une d'entre elle privilégie l'union sacrée de la famille : J'ai nommé Noël.

Il y a, toute au long de la sainte-année, certaines dates que j'abhorre plus que d'autres, mais la championne du monde toutes catégorie est le jour de Noël.

N'est-il pas émouvant de se rappeler qu'il y a deux-mille ans, celui qui se destinait à sauver le monde vit le jour dans une étable ? Jésus était né, et le monde n'a de cesse de célébrer sa venue, année après année !

Il y a environ vingt siècles, paraît-il, un sombre mystificateur naissait. Le jour de Noël, tiens, justement. à vingt-trois heures quarante quatre environ. Un certain Jésus.

N'est-il pas troublant de constater une telle fidélité chrétienne ? Un homme, un simple homme, mais qui n'était autre que le fils de Dieu, n'a, malgré lui, de cesse que d'illuminer de sa joie les chaumière, sans distinction de classe ! Chacun et chacune s'adonne a la célébration de ce divin anniversaire avec une passion qui ne s'est encore jamais démentie.

Et depuis, alors que lui même n'avait rien demandé à personne (d'après des on-dit, ç'aurait plutôt même été lui qui donnait de sa personne), depuis lors, donc, un amas glauque de crétins génétiques se croient obligé de fêter son anniversaire chaque année, avec tout le bataclan hautement traditionnel qu'on lui connaît.

La fête sacrée remplit les coeurs bien avant la date fatidique, et les bons chrétiens peuplent alors les commerces qui se sont vêtus pour l'occasion de leurs plus beaux atours, colorés et gais comme l'exige la Sainte-Fête. Partout, les affichettes rappellent que la période est propice aux achats traditionnels.

Le rituel commence bien avant, vers le dix décembre, une frénésie s'empare du peuple moyen, et l'engouffre sans ménagement dans les grands magasins aseptisés, aux vitrines encadrées de plastique brillant, sous les offres exceptionnelles qui jonchent les plafonds des magasins sus-mentionnés, tels une enfilade de drapeaux en berne.

En arpentant les commerces locaux, des voix semblant venues de nulle-part et de partout à la fois nous rappellent que c'est Noël, et que la joie est de rigueur... Et c'est entre les fonds musicaux traditionnels et chrétiens que la foule heureuse et comblée rencontre ses semblables.

Ou que l'on aille, la machine est en marche, et dans chaque rayon, une voix nasillarde et postillonnante nous rappelle inlassablement qu'on a encore vingt minutes pour se jeter sur le saumon fumé de Norvège à trente trois francs soixante le kilo, sur un font de musique Noëlistique traditionnelle, sensément gaie, me donnant aisément l'impression qu'elle a été enregistrée sur un répondeur téléphonique placé à 3 mètres d'un haut parleur de mauvaise qualité vomissant à plein tubes "Jingle bells".

Parmi ce brouhaha bon enfant, les inconditionnels de la Sainte-Fête de Noël s'écoulent joyeusement entre les rayons qui proposent leurs meilleurs morceaux destinés à rendre les festivités encore plus belles, encore plus généreuses... Le jeu est le même pour tous : Il s'agit de dénicher la merveille parmi les merveilles : La délicate attention qui, on le sait déjà, réchauffera le coeur, tant pour celui qui offre que pour celui qui reçoit.

C'est dans cette ambiance de foule maussade et stressée s'étranglant dans les rayons du supermarché du coin, telle de la boue dans une rigole un soir d'orage, que tous les accrocs et accrottes de la bonne grosse sainte-fête vont s'agglutiner devant la marchandise futile en imitation plaqué toc afin de dénicher LE cadeau qui fera plaisir à chaque convive du vingt-quatre au soir.

Avouons que cette petite attention n'est pas toujours facile à dénicher, et l'on se sent parfois bien emprunté devant l'avalanche de petits bonheurs qui nous sont proposés pour notre plus grand plaisir...

D'aucuns avoueront qu'ils préfèreraient danser la roumba avec Maïté en tenue d'Adam plutôt que de subir l'infiniment horrible supplice du cadeau qu'il faut choisir.

Et oui... Faire plaisir n'est pas une mince affaire... Tenir compte des goûts et des envies de chacun, voilà qui est une expérience utile et enrichissante, car même si Noël est la fête des coeurs, c'est aussi grâce à une bonne synchronisation et un respect mutuel. N'est-ce pas une excellente occasion de développer ainsi ses sentiments à travers une offrande bien ciblée ?

Car voilà : En plus, il faut choisir. Et pas n'importe quoi. Pour chaque personne, il doit s'agir d'un objet facile à trouver, pas trop cher (disons d'une valeur sensée équivalente au cadeau que l'on va supposer recevoir à sensiblement la même heure par la même personne), utile, agréable, et dont la victime à besoin, et, par dessus tout, quelle ne possède pas encore !. L'odieuse machination : Le doute m'assaille : N'est-ce pas plutôt l'anniversaire de Machiavel que l'on célèbre, là ?

La tâche est d'autant plus difficile qu'il n'est pas simple de trouver la perle rare, car il s'agit en effet de ne pas se laisser tenter par un bouquet de fleurs ou une boîte de chocolat... L'art et la manière du cadeau personnalisé est, justement un art, et pas des plus simple... Faut-il aimer et s'intéresser à une personne pour arriver à combler ses envies, ses attentes ? Mais quelle joie quand l'on se rend compte qu'on l'a touchée droit au coeur, et  qu'elle ne peut retenir quelques larmes de joies qui sont autant de cordes resserrant les liens !

J'aime autant vous dire que l'ensemble des objets existants sur la planète et qui correspondent à la description du cadeau de Noël idéal que j'ai citée plus haut ne comprend pas un nombre d'élément supérieur à quelques dizaines, et laissez-moi vous avouer : Je les ai déjà ! Si !. Autant dire tout de suite qu'une aiguille serait plus facile à trouver dans une botte de foin, car, au moins, l'aiguille, elle, elle existe !

Revenons donc à notre quidam, complètement sous le charme des offres alléchantes des sympathiques grands magasins, l'oeil frétillant, parcourant les rayons au beau milieu de ses semblables, les bras garnis de cadeaux multicolores qui laissent présager une soirée inoubliable. Un léger assoupissement indique à notre grand voyageur que l'heure de la fermeture va bientôt sonner, et qu'il s'agit de se diriger vers les caisses, assorties de vendeuses souriantes et complices de votre quête joyeuse.

Bon. Voici notre insatiable fureteur, vérolé par la fièvre acheteuse, déboulant, l'oeil hagard et la démarche saccadée, dans les allées magasinières, de plus en plus engorgées d'indécis lents et zigzaguant erratiquement, et les bras de plus en plus encombrés de cadeaux enfin dénichés, répartis en de gros paquets cubiques, se prêtant particulièrement mal au transport commun, même vaguement empilés en quinconce dans de grands sacs en papier glacé et cartonné à usage unique, et, par dessus le marché, de plus en plus envahi par une sorte de fatigue lasse, de celle qui présage un repas familial du soir même fort tendu, ponctué de soupirs et d'engueulades des enfants, qui pourtant ne sont pas responsable du stress ainsi généré (en tout cas pas directement).

Ouf ! Le jeu en valait la chandelle, et chacun trouvera son nouveau bonheur. L'adoré grand-papa recevra enfin une splendide pipe décorée qui ornera sa vitrine fière et étincelante

Mais bon : Le résultat est là. Les offrandes sont prêtes. La pipe en bois d'arbre, ornée d'un sigle rappelant vaguement une guerre passée pour grand-papa - Il la mettra dans la vitrine du salon, puisque depuis que son cancer de la gorge s'est déclaré, il n'a même plus le droit de parler à un fumeur -,

Roger collectionne les cravates : son appartement est décoré de ces véritables objets d'art, avec un goût tout particulier. Mais celle-ci, il la cherchait depuis longtemps : Un modèle rare de chez Cardin qui, n'en doutons pas, lui fera chaud au coeur !

Une cravate, moche, pourtant estampillée Cardin, pour Roger, afin de compléter sa collection de 2'769 unités,

Jean-Jean, par sa part apprendra enfin l'allemand grâce à un tout nouveau programme d'apprentissage de l'allemand. Une version toute neuve, paraît-il, qui fonctionnera bien mieux que la version précédente sur son type d'ordinateur.

Un programme d'apprentissage de l'allemand en moins de dix minutes, version PC pour Jean-Jean, a qui on avait déjà acheté la version pour MacIntosh l'année passée, qui n'a rien eu d'autre à faire que le le mettre à la poubelle

Anthony n'a que 5 ans, mais il va s'amuser comme un fou avec ce billard électrique sans danger, multicolore et marchant à piles

Un flipper de table pour Anthony, dont la durée de vie n'excédera sans doute pas le temps requis pour que chacun des invités ouvre son cadeau,

Noël est aussi une période propice aux bonnes résolutions ! Nous avons décidé de donner un sérieux coup de pouce à notre chère cousine Marie-Thérèse qui accuse un léger embonpoint. Nous lui avons rédigé une sympathique lettre d'encouragement à poursuivre ses efforts, ainsi qu'un bon de 50 francs à faire valoir dans un établissement de restauration rapide, ce qui équivaut à un coquin clin d'oeil complice !

un bon d'achat de 50 francs dans tous les Mac Donald's de la région, ainsi qu'une lettre d'encouragement pour Marie-Thérèse qui a vraiment de la peine à perdre ses trente kilos excédentaires

Et pour son cher et tendre ? La merveille des merveilles : Un apparail photo qui permet de visualiser le résultat directement sur son ordinateur ! Une prouesse technologique que je ne m'explique encore que difficilement. Ce genre de miracle qui aide à garder la foi en notre seigneur !

et un appareil photo numérique pour son cher et tendre partenaire qui en rêvait depuis qu'il avait vu dans le journal que si on avait la patience d'attendre le premier février, un tout nouveau modèle sortirait, quatre fois plus performant et quatre fois moins cher que l'objet choisi ce jour.

En bref, Notre Seigneur Jésus-Christ verra à nouveau son anniversaire fêté comme il se doit, avec tout son côté merveilleux, sa joie et son bonheur. Alléluia.

Bref, Tout y est. La fête aux relents de guimauve et de papiers d'emballages étincelants peut s'annoncer, la guerre est préparée.