Quels cons!

Un jour que j'étais assis à mon bureau, je me rappelle que j'ai un coup de fil à passer. Je retrouve le numéro de téléphone, je le compose et quelqu'un décroche en disant d'une voix neutre
"Allô".
Je réponds poliment :
"Dominique Berson. J'aimerais parler à Philippe Jaffrelot, s'il vous plaît"...
Mais aussitôt, la personne raccroche sans rien dire !
Je n'aurais jamais cru que quelqu'un pouvait être si malpoli.
En plus, moi qui n'aime pas le téléphone...
Finalement, j'ai recherché dans l'annuaire quel était le numéro exact de Philippe, et je l'appelle. En fait, quand il m'avait communiqué son numéro, il avait inversé les deux derniers chiffres...
Pendant tout le temps de ma conversation téléphonique avec Philippe, je fixais le papier avec le faux numéro de téléphone qui était resté sur mon bureau... Et je décidai de rappeler le type.
Je composai donc le numéro erroné, et dès que le type décrocha, je lui hurlai dans l'appareil : "T'es qu'un pauvre CON !" puis je raccrochai.
J'ajoutai ensuite le mot CON à côté du numéro de téléphone, et je rangeai le papier dans mon bureau.
Chaque semaine, lorsque j'avais des factures à payer, ou bien lorsque la journée était dure, je prenais mon téléphone pour l'appeler.
Il décrochait et je lui criais "T'es qu'un CON !". Cela me remettait toujours de bonne humeur.
Plus tard dans l'année, France Telecom a installé la présentation du numéro appelant. Je dois dire que ça a été une grande déception pour moi car cela signifiait que je devais arrêter d'appeler mon gros CON...
Mais je voulais en avoir le coeur net.
J'appelai donc mon gars, et je l'entendis décrocher : "Allô ?"
J'entamai alors une conversation : "Bonjour, ici Rémi Martin, France Telecom. Je vous appelle pour savoir si vous connaissez le fonctionnement de notre système CLASS d'identification du numéro appelant ?"
Et mon nul répondit : "Non !" et il raccrocha aussi sec !
Je le rappelai donc aussitôt pour lui dire : "C'est parce que t'es qu'un CON !"
Un autre jour, j'étais sur le parking du centre commercial un samediaprès-midi, et j'avais repéré qu'une vieille dame remontait dans sa voiture et qu'elle allait libérer sa place de parking.
J'attendais donc patiemment derrière... lorsqu'un malpoli vint engouffrer sa voiture dans la place encore toute chaude, juste devant mon nez ! Naturellement, je me mis à klaxonner et à crier par la vitre baissée "Hé, vous n'êtes pas croyable, j'étais là avant vous !". Mais le gars s'en alla, imperturbable, m'ignorant totalement.
J'étais en train de me dire : "Ce gars est vraiment un gros CON", lorsque je vis qu'il avait placé une affiche pour vendre sa voiture sur sa vitre arrière. Je notai consciencieusement son numéro de téléphone, puis je me cherchai une autre place de parking.
Quelques jours plus tard, j'étais assis à mon bureau et je venais de me faire un très rapide (le numéro est maintenant mémorisé dans le téléphone) "36 51 02 40 18 22 xx - T'es un gros CON", quand je me suis souvenu du type sur le parking... Je remis la main sur le petit bout de papier sur lequel j'avais noté son numéro, et je l'appelai :
- Allô...
- Bonjour. Vous êtes bien le monsieur qui a une Mondeo à vendre ?
- Oui c'est bien ça.
- Pouvez-vous me dire où je pourrais la voir ?
- J'habite 84 rue Laënnec. C'est une maison en briques rouges, et la voiture est garée en face.
- Quel est votre nom au fait ?
- Je m'appelle Frédéric Réthoré.
- Et à quelle heure a-t-on le plus de chance de vous rencontrer ?
- Je suis à la maison le soir à partir de 18 heures.
- Très bien. Maintenant écoutez bien...
- Oui...?
- Frédéric, t'es qu'un gros CON !
Après avoir raccroché, je mis le numéro de ce Frédéric Réthoré dans lamémoire du téléphone.
Pendant un bon moment, j'étais très content d'avoir deux nuls à appeler.
Et puis, après quelques mois, l'accoutumance fit que le plaisir n'était plus aussi intense qu'avant.
Un beau jour, je décidai de m'offrir un beau cadeau :
D'abord j'attendis qu'il soit 18 heures et j'appelai mon nul numéro 1.
Dès qu'il décrocha, je lui hurlai à l'oreille : "T'es un gros CON !"... mais je ne raccrochai pas.
Le nul demande alors : "Vous êtes encore là ?
- Ouais !
- Alors arrêtez de m'appeler !
- Non. je ne vais pas arrêter parce que tu n'es qu'un gros CON !
- Si vous n'êtes pas qu'un lâche doublé d'un minable, dites-moi plutôt quel est votre nom et où vous habitez : Je vais venir vous faire la tête au carré personnellement !
- Eh bien tu peux venir, gros CON, je t'attends. Je m'appelle
Frédéric Réthoré et j'habite 84 rue Laënnec !
- J'arrive. Tu ferais mieux de commencer à dire tes prières !
- Oh oh oh, qu'est-ce que j'ai peur... Gros CON !" et je raccrochai.
Puis j'appelai mon CON numéro 2..
Dès qu'il décrocha, je lui hurlai à l'oreille : "Bonjour gros CON !
- Si je savais qui tu es...
- Et bien justement, tu vas pas tarder à savoir. Je vais venir chez toi personnellement pour te botter le cul !"
Et je raccrochai.
Enfin, je descendis en bas de la rue, j'appelai la police pour les prévenir qu'une bagarre de rue aller survenir entre deux gangs au 84, rue Laënnec. Puis je pris la Xantia et je me rendis sur place.
Là, je pus voir deux gars en pleine bagarre, sur la pelouse... et ensuite 12 voitures de police (et un hélicoptère) remplies de policiers qui les séparèrent, leur mirent les menottes, et les emmenèrent au poste.
Depuis, je ne les appelle plus au téléphone.